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La tribune à Mireille Jardin, ancienne membre du Secrétariat du MAB à l'Unesco et membre active de l'association MAB France

 

2021 marque le 50° anniversaire du Programme MAB (l’Homme et la biosphère).

L’histoire du MAB s’inscrit dans l’évolution générale des conceptions en matière de conservation de la nature et des impacts des activités humaines, et souvent anticipe cette évolution. Ce rôle de précurseur a été souligné dès le lancement du MAB et il ne s’est pas démenti au moment où l’on célèbre son cinquantième anniversaire.

A l’origine du programme, la « Conférence intergouvernementale d’experts sur les bases scientifiques de l’utilisation rationnelle et de la conservation des ressources de la biosphère ». Organisée en 1968 à Paris par l’UNESCO avec la FAO, l’OMS, l’UICN et le PBI (Programme biologique international), elle constituait la première rencontre intergouvernementale au niveau mondial sur l’environnement, quatre ans avant Stockholm.

La Conférence décida d’établir un programme international de recherche sur l’Homme et la biosphère portant sur l’utilisation et la préservation des ressources génétiques et des écosystèmes représentatifs. La première réunion du Programme eut lieu en novembre 1971 et se fixa comme objectif de « développer une base pour l’utilisation rationnelle et la conservation des ressources de la biosphère et d’améliorer les relations entre les humains et l’environnement. »

De nombreux projets de recherche sur le terrain furent alors menés à bien dans différents écosystèmes, notamment grâce à des financements du PNUD et du PNUE, et plusieurs réunions d’experts furent organisées chaque année.  

Peu à peu le programme se concentra sur les réserves de biosphère. Au début sites de recherche et de suivi, elles devinrent les bases territoriales du programme. Le concept fut précisé par plusieurs réunions d’experts et défini formellement en 1995 avec la Stratégie de Séville et le Cadre statutaire du Réseau mondial.

La Stratégie et sa vision restent la base du programme, même si des ajustements ont été rendus nécessaires par l’évolution du contexte international, notamment le changement climatique et, plus récemment, l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies des Objectifs de Développement Durable. Le Cadre statutaire fixe les règles de fonctionnement du Réseau et les critères de désignation des réserves de biosphère.

Après Séville plusieurs conférences mondiales ont été organisées, à Pampelune (2000) et Madrid (2008), puis à Lima, en 2016. Chacune de ces rencontres a permis de mesurer la vitalité du Réseau mondial et d’actualiser les plans d’action.

La concentration du programme sur les réserves de biosphère dans les années 80 marque un tournant. Elle concrétise l’implication des États dans la mise en œuvre de ce programme de caractère intergouvernemental, puisqu’il s’agit de sites placés sous leur souveraineté. Rien ne peut se faire sans leur participation et ce sont les États qui identifient eux-mêmes les lieux qui feront l’objet d’une mobilisation des scientifiques et des acteurs locaux. L’établissement de réserves de biosphère implique une adhésion au concept, que l’UNESCO reconnaît en acceptant les sites au sein du Réseau mondial.

Cette reconnaissance de l’UNESCO ne constitue donc pas uniquement un label international, mais bien la validation de sites qui deviennent ainsi les instruments de la mise en œuvre du MAB, où sont menées les recherches et les formations, et à partir desquels s’organisent les échanges.

Avec l’accent mis sur les réserves de biosphère, le programme explore les voies d’une conservation différente, des relations entre utilisation des ressources et conservation, de l’implication des populations à la gestion de leur territoire, d’innovations en matière d’usage et du rôle des institutions, de développement durable.

Le Réseau mondial s’étend au cours des années, et comporte 714 sites dans 129 pays en juin 2021, ainsi que 21 réserves de biosphère transfrontières. Il progresse aussi en qualité grâce à la « stratégie de sortie » mise en œuvre par l’UNESCO et au processus d’excellence en cours de développement.  La vitalité des réseaux régionaux ou thématiques se renforce et de nombreuses activités de recherche et de formation voient le jour, au niveau national et régional.  

Une nouvelle stratégie du MAB pour 2015-2025 est adoptée en 2015. Elle est fondée sur la vision « d’un monde dans lequel les individus ont conscience de leur avenir commun et de leurs interactions avec notre planète, et œuvrent ensemble, de manière responsable, à l’édification de sociétés prospères en harmonie avec la biosphère ».

Très axée sur la contribution du MAB aux Objectifs de Développement Durable, la stratégie porte sur les réserves de biosphère et au-delà, avec quatre objectifs stratégiques:

  1.  Préserver la biodiversité ;
  2. Contribuer à construire des sociétés et des économies saines et équitables ;
  3. Faciliter la science de la biodiversité et de la durabilité
  4.  Soutenir l'atténuation et l'adaptation à l'évolution climatique.  

 

Pour y répondre, le MAB France a élaboré une « stratégie d’engagement », qui définit ses objectifs en fonction de ses engagements actuels et de ses atouts pour le futur. En outre de nouvelles réserves de biosphère françaises sont en préparation ou sur le point d’être acceptées (Moselle Sud, Martinique). 

Quelles perspectives pour l’avenir ? Après cinquante ans d’existence, le MAB fait preuve d’une vitalité croissante. Son adéquation avec les problèmes actuels de la planète et son caractère innovant lui garantissent un avenir pour contribuer à y faire face. Enfin, l’accent mis sur le rôle des jeunes, aussi bien au plan national qu’international, avec de nombreuses initiatives pour encourager leur participation, est certainement l’un des points forts du MAB de demain.

Juillet - 2021